lundi 19 février 2018

À la baille




À la baille, je viens de balancer mon Moi. Il est là, je suppose en train de couler, de céder, de m’oublier. J’en attends un autre, un tout neuf, tout gentil et brillant. Mon Moi est naze : il surnage, surcharge, une vraie décharge. Il se planque dans les ondes et essaie de rebondir contre l’autre rive pour me revenir. L’onde est faite pour disparaître, mais telle qu’elle est là, maintenant, me renvoyer mon Moi en loucedé. Moribond, il fait des bons et a toujours joué au con. Il m’a bien regardé quand je l’ai balancé, ce vieux viandard, véritable plaie ouverte jamais contente qui m’a toujours porté préjudice.
Je jette un coup d’œil comme à la va-vite, l’air de rien : il se débat, ce vieux scélérat. J’ai oublié de le lester, de lister dedans Moi tout ce visqueux vieux fatras.

L’autre rive absorbe hésite attire repousse rappelle renvoie.
Je viens de fermer les yeux
Lâcher
Le vide le rien l’ordure le poids la matière
Le large enduit de l’ennui de l’hypocrisie de l’apathie de la duplicité
De la complicité
Le refus du monde comme il est
 il faut ânonner : Ce qui est, est
Ce qui est, est
Ce qui est, est
Ce qui est, est
Les repères orthonormés

Pressentir les mouvements de vie les liens
Et tout ce qui s’ensuit
Ça tisse détisse se retisse
Angoissé paralytique anesthésique exit

Je rouvre les yeux. Je ne vois plus l’onde. j’ai entendu un bruit. Là, juste là. Dans l’oreille interne. Ça bourdonne et redondonne. Une vraie tangente bélière.

Je ne sais pas ce que c’est.

Encore.

La substance
L’air
L’azur

Peut-être.

jeudi 1 février 2018

Infiltré dans les journées




Dans la brume de Diazépam je pressens le mouvement. Le bras va faire mouvement. Juste un petit petit moment. Un moment petit tout petit.
Pas encore. Attends.

Maintenant.

Voilà.

J’y suis.

Juste la vie autour.
Partout, encore.
Mouvement. Petit.
Soleil petit.
Petite perception de l’infiniment lent.
Petite conscience des lois rotatives.
Ce n’est pas moi qui tourne.
Ce sont les lois rotatives qui font tourner qui font le mouvement le défont le refont le défont
Tu n’as pas touché le fond.
Mouvement petit. Mettre la main sur le front ciller la peau-pierre.
Dissiper la brume et voir la dune, là.
Juste là.
Rouler dans les tambours.
Encore.
Tu croyais que la vie c’était toi mais c’est pas toi.

La vie c’est tout c’est le mur d’en face c’est le creux des bras c’est le petit regard bleu qui cherche confirmation c’est les éclats de voix les pas chancelants les bras ouverts la tristesse la colère les joues rougies par le rire c’est encore la morve au nez c’est remonter la selle et aller plus loin et avec toi c’est hausser les épaules devant les épreuves et les prendre aussi et prendre tout ensemble parce que beau ça l’est en vrai faut juste savoir le voir se défaire du noir sortir du soir qui s'est infiltré dans les journées.

C’est donner un coup de talon sortir des brumes et partir dans la dune.